LEE JACKSON/ Complete Recordings
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Richard Taylor |
A blues blog by Gerard Herzhaft
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BLOWING IN THE SOUTH/ Volume 2
Commençons avec Sonny Blake, né (Clennon Lee Blakes) le 4 janvier 1923 à Dundee, Mississippi.
Il était substantiellement actif dès les années 1940 à West Memphis et aux
alentours, jouant dans les juke joints et les clubs, ayant semble-t-il même
accompagné Sonny Boy Williamson (Rice Miller) selon James Cotton. Blake ne
commencera à enregistrer qu'en 1971 sous son nom et en sideman de Joe Willie
Wilkins, Big Sam Clark ou Houston Stackhouse, participant avec eux à divers
festivals de blues. Lorsque j'étais à Memphis en 1979, Sonny Blake était
l'harmoniciste maison du club Blues Alley et voici comme je le décris (dans mon
ouvrage Ballade en Blues):
" Sur la minuscule scène se succèdent les meilleurs bluesmen de Memphis. Booker T. Laury qui a du mal à placer son imposant ventre de buveur de bière entre son piano et le mur du club, roule avec puissance des basses marchantes de boogie-woogie. Sonny Blake termine un premier morceau d'harmonica que les quelques consommateurs n'avaient pas pris la peine d'écouter. Il s'adresse alors à une foule fictive:
" Ladies and Gentlemen, nous sommes heureux d'avoir comme invité ce soir, un Français qui étudie notre musique dans son pays"
Je
me sens obligé de me lever, salue la maigre assistance qui me regarde interloquée.
Vraiment, on peut venir de France pour visiter Memphis? Et encore plus, pour
écouter le blues à Blues Alley?
Oui,
oui. J'opine du chef par-ci par-là, gêné, légèrement rougissant et je me
rassoie. Le centre d'intérêt s'est maintenant déplacé de la scène à ma personne
et je n'ose plus empoigner à nouveau mes côtelettes qui achèvent de se
refroidir. Sonny Blake chante d'une voix chaude et légèrement voilée:
" Last night, I've lost the best friend I ever
had ""
Malheureusement, je ne l'ai pas interviewé ce soir-là et je ne trouve aucune interview ni article de et sur lui dans aucun magazine de blues!
Little Willie Brown né Andrew Brown le 2 mai 1921 à Weir (Mississippi) est encore moins documenté. Une courte notice nécrologique de l'infatigable Jim O'Neal dans Living Blues 53 nous sert de seule source biographique. Willie Brown a habité longtemps à East Saint Louis et aurait accompagné (sans doute lors de leurs venues) Tampa Red, Lightnin' Hopkins et même Elmore James! Toujours est-il que c'est à Houston qu'il grave son premier 45t en 1958 avant de retourner presque régulièrement dans les studios de Nashville durant les années 60. Connu sous le sobriquet de "Harp Killer", Little Willie Brown aurait régulièrement joué à Nashville puis, de retour à Saint Louis où il aurait encore enregistré une séance (inédite) pour le label Ultrasonic ainsi que derrière Mary Coleman et Tommy Moore. Brown est décédé le 7 décembre 1981.
Enfin, Alfred Harris est aussi un excellent harmoniciste et chanteur mais encore plus obscur que les deux précédents! Il est probablement originaire de l'Arkansas où il a gravé deux titres en 1952 pour Bihari lors de ses expéditions sudistes, demeurés dans les tiroirs jusqu'en 1970 et alors déterrés par Frank Scott pour sa magnifique anthologie (Archives of The Blues). On retrouve Alfred Harris à Chicago deux ans plus tard, enregistrant alors pour United une séance qui, elle aussi, restera inédite longtemps! Et c'est en 1956 qu'il grave deux titres sous le nom de "Harmonica Blues King" (!) qui paraîtront enfin sur le label Ebony de Mayo Williams! Scott Dirks dans un excellent article sur le label United (paru dans Blues & Rhythm 167) dévoile quelques anecdotes sur la présence de Harris dans les clubs de Chicago à cette époque. Quoi qu'il en soit, on n'a aucune date ni de naissance ni de décès pour cet "Harmonica King"!
Gérard HERZHAFT
For
this anthology, Blowing in the South
Volume 2, here are three harmonica players and singers who, despite their
excellent and fairly extensive discography, remain largely unknown and about
whom we have little information.
Let's
start with Sonny Blake, born
(Clennon Lee Blakes) on January 4,
“Ladies and gentlemen, we are pleased to have as our
guest tonight a Frenchman who is studying our music in his country.”
I feel compelled to stand up and greet the sparse
audience, who look at me in astonishment. Really, you can come from
Yes, yes. I nod my head here and
there, embarrassed, blushing slightly, and sit back down. The focus has now
shifted from the stage to me, and I no longer dare to grab my ribs, which are
now completely cold. Sonny Blake sings in a warm, slightly husky voice:
“Last night, I lost the best friend
I ever had.”
He
stopped recording and apparently performing in the 1980s and died in
Gérard HERZHAFT
HENRY GRAY/ Louisiana – Chicago - Louisiana
The Complete Studio Recordings 1953-90
Né le 19 janvier 1925 à Kenner (La),
Henry est élevé dans la banlieue de Baton Rouge, jouant de l'harmonica avec des
voisins puis du piano dès l'âge de 10 ans, offiiant d'abord dans l'église de
ses parents puis régulièrement du blues dans les clubs de Baton Rouge. Une
visite à une tante à Chicago en 1939 le décide de s'y installer, voyant à la
fois plus d'opportunités en tant que mécanicien (son mêtier) qu'en tant que
pianiste.
Très vite, Henry Gray joue dans les
clubs de Chicago avec Big Bill Broonzy, Tampa Red et John Lee "Sonny
Boy" Williamson qui restera toujours une forte influence autant dans sa
façon de chanter que par son répertoire. Mais c'est surtout le grand Big Maceo
qui demeure alors sa principale influence sur son jeu de piano avec ses basses
roulantes et ses arpèges si caractéristiques.
En 1943, Henry est incorporé et envoyé sur le front du Pacifique où il est blessé et rapatrié peu de temps avant la fin du conflit. Henry reprend très vite le chemin des clubs et accompagne même Big Maceo au piano après que ce dernier ait souffret d'un grave AVC.
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Photo © Clas Hedman |
Mais fatigué de Chicago, de la
grande ville et de son climat, Gray décide de revenir à Baton Rouge dans sa
Louisiane natale. Avec sa très grande réputation, Henry Gray est immédiatement
intégré à ce que les critiques appellent alors le Swamp blues. Il accompagne
Slim Harpo jusqu'à sa mort en 1970, Lazy Lester, Raful Neal, Tabby Thomas qui
lui offre un engagement dans son club Tabby's
Blues Box dans lequel Henry jouera durant quinze ans.
A partir de 1970, Henry Gray
enregistre désormais beaucoup sous son nom, d'abord pour Jay Miller puis Chris
Strachwitz, Paul Vernon (sur le superbe double LP Swamp blues). Il grave son premier LP entier en Allemagne lors
d'une tournée européenne They call me
Little Henry dans lequel il est pour la première fois seul au piano et peut
faire la démonstration de son jeu exceptionnellement brillant. Il gravera des
45t pour le label Sunland en Floride avant de signer un magnifique CD Lucky Man.
A partir des années 1990, Gray est,
souvent avec son petit orchestre The Cats, à l'affiche d'innombrables festivals
et tournées autant aux Etats Unis qu'en Europe. Il enregistre album sur album
et apparaît de plus en plus comme un patriarche incontournable, un des derniers
représentants de l'âge d'or du Chicago blues. Il décède le 17 février 2020 à
Baton Rouge.
J'ai eu la chance de rencontrer assez
longuement durant une soirée Henry Gray dans les années 1980 grâce à mon ami et
grand chercheur en blues Robert Sacré. Peu disert, Henry Gray prit quand même
le temps de nous raconter quelques anecdotes croustillantes sur la scène du
Chicago blues des années 1940-60 et notamment sur la personnalité sur scène et
hors scène de Howlin' Wolf.
Merci beaucoup à Klaus Killian pour
le partage de certains des 45t les plus rares de Henry Gray. Cela permet de
présenter ici la totalité des enregistrements effectués par ce bluesman majeur entre
1953 et 1990.
Gérard
HERZHAFT
Born
on January 19,
Very
quickly, Henry Gray was playing in
In
1943, Henry was drafted and sent to the Pacific front, where he was wounded and
repatriated shortly before the end of the war. Henry quickly returned to the
clubs and even accompanied Big Maceo on piano after the latter suffered a
serious stroke.
Although
he was best known as an accompanist, Gray nevertheless recorded a few tracks
under his own name between 1953 and 1958, with guitarist Morris Pejoe and
Little Hudson Showers. His first session even featured a rare recording
appearance by harmonica player Henry Strong, who is said to have influenced
Little Walter. Gray was a constant presence in the studio, contributing with his
feeling and powerful piano playing to recordings by Jimmy Rogers, Little
Walter, Billy Boy Arnold, Jimmy Reed, Bo Diddley, Junior Wells... and above all
Howlin' Wolf, who hired him to play in his band for a long stint of twelve
years!
But
tired of
From 1970 onwards, Henry Gray recorded extensively under his own name,
first for Jay Miller, then Chris Strachwitz and Paul Vernon (on the superb
double LP Swamp Blues). He recorded
his first full LP in
From
the 1990s onwards, Gray, often accompanied by his small orchestra The Cats,
appeared at countless festivals and tours in both the
I
had the good fortune to spend quite a bit of time with Henry Gray one evening
in the 1980s, thanks to my friend and renowned blues researcher Robert Sacré.
Although not very talkative, Henry Gray took the time to tell us some juicy
anecdotes about the
Many
thanks to the very friendly Klaus Killian for sharing some of Henry Gray's
rarest 45s. This allows us to present here all the recordings made by this
major bluesman between 1953 and 1990.
Gérard
HERZHAFT
AL KING/ Master of The West Coast blues
Notre Al King est né Alvin Smith à
Monroe (La) le 8 août 1926 et a très jeune été un adepte des disques de Count
Basie et Louis Jordan derrière lesquels il apprend à chanter. En 1943, il est
appelé à l'armée et y participe à plusieurs big bands, développant ses qualités
de chanteur entre la puissance des blues shouters et la décontraction low down
d'un Lowell Fulson, qui sera de toute évidence un de ses modèles. Dès sa
démobilisation, Alvin trouve des engagements dans des clubs de la Côte Ouest et
il grave un premier 45t pour le producteur John Dolphin (Homesick blues) accompagné de l'orchestre du saxophoniste Que
Martyn. Il rejoint ensuite quelque temps le groupe vocal The Savoys avant, à
partir de 1954, d'enregistrer sous son nom une kyrielle de blues remarquables (On my way, Brand new baby, Travelin'
time etc...) accompagné par un tout jeune guitariste extrêmement doué
Johnny Heartsman qui contribuera largement à définir le style de guitare du
blues de la Côte Ouest.
Le succès local de ces 45t permet à Al
King de figurer dans des tournées de R&B aux côtés de Jimmy Mc Cracklin.
C'est Mc Cracklin qui amène Al à retrouver le chemin des studios, d'abord en
duo avec une jeune chanteuse prénommée Nettie (Smith?) puis surtout à partir de
1964 en compagnie à nouveau de Johnny Heartsman devenu le très grand guitariste
que l'on connaît. Reconsider baby, I'm on my way, Think twice before you speak sont de magnifiques chefs d'oeuvre
largement réédités à travers les décennies.
Voulant encore davantage contrôler la
production de ses disques, Al fonde son propre label Flag qui s'associera assez
vite avec Sahara Records, un petit label entreprenant de Berkeley. Un certain
succès de ces morceaux (Think twice
before you speak montera jusqu'à la 36éme place dans le Billboard!) permet
à Al de continuer quelques années à enregistrer d'autres très beaux titres (The winner, This thing called love, Peace
and understanding, High cost of living), à se produire dans des clubs et à
écrire des blues pour d'autres artistes de la Côte Ouest.
Mais les années 1970-80 sont très
difficiles pour un bluesman comme Al King alors que le jeune public noir se
détourne largement de ce type de blues sophistiqué et jazzy tandis que les
amateurs du blues revival en Europe et aux Etats Unis favorisent davantage les
blues plus crus du Deep South ou de Chicago. Interviewé par Tony Collins en
1988, Al King fait enfin l'objet d'articles dans la presse spécialisée et le
label néerlandais Diving Duck réédite certains de ses meilleurs titres, ce qui
permet à Al King d'espérer pouvoir faire une tournée européenne, ce qui
n'aboutira pas.
Il enregistre néanmoins un excellent
album en 1998 dans lequel il démontre n'avoir rien perdu de ses talents. Juste
avant de décéder le 21 janvier 1999 à Oakland.
J'avais eu la chance de voir Al King en
compagnie de son ami Johnny Heartsman au milieu des années 1980 dans un très
petit club de l'agglomération de Los Angeles. Peu de public, plus occupé à
boire et à discuter qu'à écouter l'excellente musique de ces deux bluesmen!
J'avais pu m'entretenir avec eux, les deux étant fort intéressés à se produire
en Europe. Malheureusement Al King ne le pourra pas mais grâce à des tourneurs
audacieux comme Jacques Garcia et Jean Luc Suarez, j'ai pu programmer Johnny
Heartsman et son orchestre dans des festivals et des clubs de la région
lyonnaise où il a d'ailleurs fait sensation.
Sauf erreur, j'ai pu réunir ici la
totalité des enregistrements réalisés par Alvin Smith/ Al King.
Gérard
HERZHAFT
. San Francisco Blues Festival 1977. Photo © Dennis Lewis
Although largely forgotten today outside of the
hardcore blues fans, Al King was nonetheless one of the key bluesmen of the
post-war West Coast blues scene. He should not be confused with at least one
other Al (Albert) King, an important R&B and jazz saxophonist from
Our
Al King was born Alvin Smith in Monroe, Louisiana, on August 8, 1926, and at a
very young age he became a fan of Count Basie and Louis Jordan records, which
he used to learn to sing. In 1943, he was drafted into the army and played in several
big bands, developing his singing skills between the power of blues shouters
and the laid-back style of Lowell Fulson, who would clearly be one of his role
models. Upon his demobilization,
The local success of these 45s allowed Al King to appear on R&B
tours alongside Jimmy McCracklin. It was McCracklin who brought Al back to the
studio, first in a duet with a young singer named Nettie (Smith?) and then,
starting in 1964, alongside once again Johnny Heartsman, who had become the
great guitarist we know today. Reconsider
Baby, I'm on My Way, and Think Twice Before You Speak are
magnificent masterpieces that have been widely reissued over the decades.
Wanting even more control over the production of his records, Al founded
his own label, Flag, which quickly partnered with Sahara Records, a small,
enterprising label in
But
the 1970s and 1980s were very difficult years for a bluesman like Al King, as young
black audiences largely turned away from this sophisticated, jazzy style of
blues, while blues revival enthusiasts in Europe and the
Nevertheless,
he recorded an excellent album in
I
had the chance to see Al King with his friend Johnny Heartsman in the mid-1980s
in a very small club in the
Unless I am mistaken, I have been able to gather here all of the
recordings made by Alvin Smith/Al King.
Gérard HERZHAFT
SKIP JAMES/ Complete Live Recordings
Skip qui est un des rares Noirs du Delta à pouvoir faire
quelques études, hésite entre le métier d'instituteur, la vocation de pasteur
ou celle de musicien. C'est cette dernière qu'il choisit d'abord et gagne
Jackson, la capitale du Mississippi. Il fait vite partie du groupe de musiciens
qui animent les cabarets de la ville: Mississippi Sheiks, Little Brother
Montgomery, Joe et Charlie Mc Coy, Tommy Johnson, Johnnie Temple (avec qui Skip
partage la même chambre).
En
1931, sa réputation est telle que le talent-scout H.C. Speir l'envoie
enregistrer dans les studios Paramount de Grafton dans le Wisconsin. En trois
jours, Skip James enregistre 26 titres dont les somptueux Devil got my woman et Hard
times killing floor blues, une composition bouleversante sur
Son
cancer finit hélas par l'emporter et il décède à Chicago le 23 mai 1969. Il est
alors salué, enfin et à juste raison, comme un des plus grands créateurs du
Delta blues.
Durant
sa courte carrière durant le Blues Revival, Skip James a été plusieurs fois
enregistré dans ses concerts et festivals qui donnent encore une couleur
supplémentaire à l'intensité engendrée par Skip James face à une audience.
Voici – sauf erreur – l'intégralité de ces enregistrements "live".
Gérard
HERZHAFT
Skip,
one of the few Black people in the Delta to have had any education, hesitated
between becoming a teacher, a pastor, or a musician. He chose the latter and
moved to
By 1931, his
reputation was such that talent scout H.C. Speir sent him to record at
Paramount Studios in
In
1963, his brief experience as a professional musician was far behind him when
he met up with one of his cousins, bluesman Ishman Bracey, at his father's
funeral in
Sadly, his cancer eventually got the better of him and
he died in
During his short
career during the Blues Revival, Skip James was recorded several times in
concerts and festivals, which add further color to the intensity he generated
in front of an audience. Here, unless I am mistaken, are all of his live
recordings.
Gérard
HERZHAFT